LE TAROT DE MARSEILLE

-I- Préambule

Le résultat de la Taromancie, consistant à décrypter (lire) le message des cartes et à le délivrer au consultant, s’avère d’autant plus qualitatif qu’il est étayé par de solides connaissances, tant sur le plan psychologique, que philosophique et spirituel.

Pour ce faire, point n’est besoin de quitter notre domaine de prédilection, en l’occurrence le Tarot de Marseille, car la grande majorité des réponses, dans ces domaines, se trouve dans son étude et son approfondissement.

Autrement dit, il s’agit d’assimiler les paramètres  de cette science que l’on nomme Tarologie.

À ce titre, les quelques lignes qui vont suivre n’ont pour but que de lever un coin du voile dans ce domaine.

Voyons donc ce qu’elles nous réservent !

-II- Les origines du Tarot de Marseille

– Une œuvre Renaissance 

Concernant son élaboration, un faisceau d’éléments concordants nous amène à penser que Marsile Ficin (1433 / 1499) philosophe, astrologue, et poète italien, en a été l’auteur.

En effet, on sait qu’il enseignait la philosophie à l’aide de jeux et que la façon dont il a traduit Platon établit un lien avec les arcanes du Tarot.

Par ailleurs, la manière dont les premières cartes ont été peintes, ne laisse planer aucun doute quant au fait qu’elle puisse être attribuée à Botticelli, ami intime de Marsile Ficin.

-III- Pourquoi un jeu de cartes ?

Sachant que Marsile Ficin enseignait la philosophie selon les principes du nouveau courant de pensées qui fut qualifié d’humaniste, on comprend la raison pour laquelle il souhaita masquer son activité, sous le couvert d’un support qui avait toutes les apparences d’un simple jeu, aux yeux du public et du pouvoir de l’église.

En effet, il ne faisait pas bon déroger, à cette époque, aux principes prônés par l’église qui, rappelons le, régnait en maître tant sur le plan temporel que spirituel. Notons d’ailleurs pour l’anecdote, qu’à ce titre, Marsile Ficin subit ses foudres, au regard de sa pratique de l’astrologie.

-IV- L’esprit du Tarot

On comprend mieux encore l’aspect subversif du Tarot à son époque, quand on sait qu’il révèle un modèle de chemin initiatique (de vie) qui, bien que basé sur une trame relativement conforme aux préceptes du catholicisme, s’en écarte par bien des points, notamment par l’insertion de principes issus de la philosophie antique (néoplatonisme), et par un objectif qui se déclare, de ce fait, nécessairement comme une volonté d’accéder à la sagesse.

En corolaire,  il se caractérise également par l’usage d’un langage codé, qui utilise la puissance de l’image, que ce soit sous la forme de symboles, de personnages ou d’allégories,  trouvant sa source dans l’astrologie, les mythes de l’Égypte, de la Grèce antique, et dans l’histoire du moyen âge.

C’est d’ailleurs le résultat de cette extraordinaire synthèse qui m’a amené à qualifier le Tarot de Marseille de : ‘’Joyau humaniste de la Renaissance’’.

-V- Le jeu lui-même

Il est constitué de 78 arcanes (cartes), dont 22 sont considérés comme majeurs.

21 sont numérotés (de I à XXI), seul l’un d’entre eux ‘’Le Mat’’ ne l’étant pas.

Voyons donc ce que nous révèle, plus précisément, l’étude de cet ensemble.

-1- L’homme (Le Mat) au centre des préoccupations

En n’attribuant pas de numéro à ce personnage,  Marsile Ficin a souhaité nous préciser que s’il fait partie intégrante du Jeu, il en est néanmoins le maître, illustrant et résumant ainsi brillamment le principe essentiel du courant d’idées humanistes qui consistait à mettre l’homme au centre des préoccupations.

Ce simple argument, qui fait de lui un être inclassable, se trouve corroboré par son image qui évoque un homme qui avance, lui conférant ainsi  un positionnement très original qui l’éloigne de celui du croyant traditionnel, présenté bien souvent en position agenouillée.

On peut, dès lors, voir en lui Orion qui va rejoindre Sirius (la demeure des Dieux, symbolisée par  Arcane XXI le Monde), un pèlerin en quête du Graal, un alchimiste, ou bien encore n’importe quel philosophe chercheur de vérité.

En outre, sa folie illustrée par le nom qui lui à été attribué (Le mat = il matto = Le fou), pousse encore ses feux vers un anticonformisme qui lui confère une dimension intemporelle et universelle, à tel point, que tout un chacun peut facilement, aujourd’hui, s’identifier à lui.

-2- Son parcours initiatique selon 7 niveaux de conscience 

 2.1 Découverte de ses (ou sa) passions 

La première étape de son parcours consiste donc à se confronter à lui même, à ses péchés, ses passions, ou en termes plus modernes, à ses dysfonctionnements adaptatifs :

– La colère = Arcane I Le Bateleur = Dionysos (Hercule)*

– L’orgueil = Arcane II La Papesse = La papesse Jeanne*

– La vanité = Arcane III L’Impératrice = Irène l’athénienne*

– L’envie = Arcane IIII L’Empereur = Charlemagne* 

– L’avarice = Arcane V Le Pape = Le Pape Léon III*

– La pusillanimité = Arcane VI l’Amoureux = Hercule°

– La gourmandise = Arcane VII Le Chariot = Alexandre le Grand* 

– La violence = Arcane VIII La Justice = Némésis°

– L’acédie = Arcane VIIII L’Hermite = Diogène*  

Voici donc neuf  »problématiques » que l’on peut rapprocher de la liste des 7 péchés capitaux à laquelle Bernard de Clairvaux avait, en son temps, déjà modifié en en rajoutant un huitième.

On peut supposer ici, sans grand risque d’erreur, que Marsile Ficin eut connaissance de la Théorie des 9 types de personnalité (Ennéagramme) car chaque ‘’passion’’ se retrouve précisément dans le descriptif de la partie basique de chaque type de personnalité (Ex : Arcane I Le Bateleur = Type 1 = la colère).

2.2 Prise de conscience

L’arcane X La roue de Fortune résume, en quelque sorte, les 9 passions, en précisant qu’à ce niveau l’homme est prisonnier de lui-même, des manifestations de son égo, et ainsi soumis à la roue du destin (au bon vouloir de Fortuna, déesse romaine connue pour être celle qui préside au destin des hommes).

– Le destin = Arcane X La roue de fortune = Zoon diakos (la roue des petits animaux / La roue du zodiaque)*

2.3 Pratique des vertus

Réussissant à dominer  les contraintes de son égo, il peut se montrer vertueux, faisant ainsi preuve de :

– Force d’âme (fortitude) = Arcane XI La force = Hercule terrassant le lion de Némée°

– Humilité = Arcane XII Le pendu =  Les branches coupées  / 12 degrés de l’humilité de Bernard de Clairvaux°

– Détachement = Arcane XIII Le sans nom = Détachement des biens matériels*

– Tempérance = Arcane XIIII La tempérance = Incitation à la mesure *

Dès lors, il peut en apprécier en apprécier le bénéfice dans la vie de tous les jours.

On peut d’ailleurs concevoir une interactivité entre ces deux concepts, à savoir que c’est également en pratiquant les vertus qu’il va savoir échapper à la tyrannie de son ego (de son incarnation).

2.4 Tentation 

La pratique des vertus ayant provoqué l’effet escompté, une sorte de griserie en émane de nature à le pousser à se complaire dans la  jouissance des biens de ce monde, renonçant ainsi à la poursuite de sa quête spirituelle.

La tentation = Arcane XV Le diable = La tentation de Saint Antoine°

2.5 Accès à la spiritualité

Ayant su résister à la tentation, il accède alors à un niveau supérieur de conscience, celui d’une spiritualité qui touche au mystère.

Échappant à l’emprise du diable, il est alors touché par la grâce (les flammes des cieux) , et entre dans la maison dieu / la maison de la foi .

Cet éblouissement provoque de fait une distanciation vis à vis du monde des hommes et des biens matériels (personnages et deniers manifestement éjectés sur la carte).

Notons d’ailleurs au passage, l’anagramme de la Maison Dieu, à savoir ‘’aimons la vide’’, s’agissant de l’âme bien entendu.

– La foi = Arcane XVI La Maison Dieu = La maison de la foi / de la lumière*

Il est alors rempli d’espérance que seule la foi peut conférer.

– L’espérance = Arcane XVII L’Étoile = Vénus / L’étoile du Berger*

Il accède ainsi à son âme, car selon Plutarque de Chéronée celle-ci est donnée par la lune.

– L’âme = Arcane XVIII La Lune = Féminité /Réceptivité*

L’intellect, selon le même auteur, est donné par le soleil

Cette dernière carte symbolise également la notion de réconciliation de l’âme et de l’esprit.

– L’intellect = Arcane XVIIII Le Soleil = Castor et Pollux / Les gemmaux*

2.6  Renaissance

Cette réconciliation des deux fondements de la nature humaine constitue l’étape ultime qui, sur le plan terrestre, permet d’atteindre le dernier stade d’évolution qui peut être qualifié de renaissance, d’éveil, et dans un contexte plus moderne de libération (Deels) ou de réalisation de soi (Maslow), voire du résultat d’un développement personnel  de la Résilience (Boris Cyrulnick) ; du processus d’individuation  (C. G Jung), etc.

– La renaissance = Arcane XX Le Jugement = Le jugement dernier *

Cette carte montre à l’évidence un nouvel être qui sort de son tombeau, on peut donc en conclure que selon la sentence bien connue : ‘’il est mort pour renaitre’’.

2.7 Transfiguration

Dès lors, ayant mené son parcours terrestre à terme, dans les meilleures conditions possibles, il sera à même de mourir pour renaitre mais cette fois-ci dans l’autre monde, celui du mystère, du céleste, du divin.

Selon Platon, il  fusionne ainsi avec l’âme du monde (Anima mundi / Platon le Timée), et accède à la Sagesse.

– La résurrection = Arcane XXI Le monde =  L’Ouroboros (le serpent qui se mord la queue / La Koré kosmou (la pupille du monde°)

Les éléments constitutifs de la psyché (Air / Eau / Feu) sont sacralisés, à l’exception de la terre (le bœuf) car elle correspond à la matière, au corps.

-VI- Complément :

Il me paraît judicieux, afin de vous monter, combien  le Tarot s’avère cohérent, d’attirer votre attention sur un point dont vous vous êtes sans doute aperçu.

Si vous rajouté le nombre X à chaque carte numérotée de 1 à 9, vous constituez une nouvelle série qui va de 11 à 19.

Vous pouvez alors créer des binomes (1 et 11, 2 et 12………..9 et 19)

Ainsi chaque problématique (passion, péchés) trouve en quelque sorte sa solution dans la présence de la carte de la série supérieure.

Par exemple la vanité, l’illusion de gloire (Arcane III l’Impératric), sera  transcendée par l’arcane XIII Le sans nom, qui incite au dépouillement, au détachement.

Cette particularité vous amène directement à l’illustration des 9 types de personnalité, chacune étant composé d’une partie basique et d’une partie supérieure.

 

Ce point  pourrait sembler, au premier regard, de peu d’intérêt  mais je puis vous assurer qu’il s’avère de première importance dans le cadre des tirages lorsque la question porte sur la psychologie du consultant, sur son état d’être.

 

Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’une telle réalité se dévoile, sachant que le Tarot et la théorie de L’Ennéagramme résonnent (raisonnent) du même son, étant tous deux liés par le nombre Pi.

En effet en raison de sa structure on voit apparaître dans l’Ennéagramme un triangle équilatéral constitué par les chiffres 3 / 6 / 9,  déterminant ainsi  une  base 3.

Par ailleurs, les  6 autres chiffres peuvent se déclinent ainsi : 1 4 2 8 5 7.

Si l’on agrège le tout, cela donne 3.142857 qui correspond au nombre PI (son approximation Diophantienne, Diophante d’Alexandrie est  connu pour être le père de l’algèbre).

Par ailleurs, concernant le Tarot, il suffit de diviser le nombre 22 (arcanes majeurs) par 7 (nombre sacré) pour obtenir  3.142857.

Donc, Ennéagramme = Tarot. 

NB : *Afin de satisfaire pleinement votre curiosité, l’ensemble de ces points, et notamment les relations étroites du Tarot et de L’Ennéagramme (Théorie des 9 types de personnalité) sachez que qu’ils ont été détaillées dans mon ouvrage : ‘’À la conquête soi’’ (Publibook / Amazon).

-VII- Conclusion

J’espère que ce bref résumé vous a plu et vous incitera à aller plus avant, pour le plus grand bien de votre art et la satisfaction de vos consultant(e)s.

Au plaisir de vous rencontrer sur le chemin du Tarot

Cordialement JL